vendredi 4 septembre 2009

Commentaire : L'Emblème du croisé (James Lee Burke).

Dave Robicheaux reprend du service dans la police de New Iberia pour enquêter sur la mort d’une prostituée dont s’était entiché son frère durant leur adolescence. Même après tant d’années il y a des gens haut placés que ça dérange. Des gens avec des squelettes dans le placard qui ont une partie de la police dans leur poche. Il est menacé, emprisonné, tabassé, et enfin accusé de pédophilie. Et malgré tout il va à l’église et aux réunions des AA (quand il ne rechute pas!) toutes les semaines et trouve le moyen de marier une nonne catholique!Il faut être prêt à se remettre en question quand on lit un livre de Burke. Pendant 300 pages l’auteur nous entraîne à la suite de son personnage sur une corde raide où toutes nos certitudes morales sont ébranlées. Nous sommes là à la frontière du bien et du mal absolu, entre la générosité et la violence à fleur de peau. Même la Louisiane y devient un personnage trouble, superbe et dangereux. L’écriture aux pointes de fantastique, souvent sublime, participe à la à la lente déstabilisation du lecteur. Du grand roman noir et une expérience unique de lecture.
par DENIS LEBRUN

James Lee Burke, L'Emblème du croisé, Rivages.

jeudi 3 septembre 2009

Commentaire: Ciels de foudre (C.J. Box).

Le garde-chasse Joe Pickett retrouve son patelin de Saddlestring au plus grand bonheur des lecteurs. Entêté comme jamais, subissant mépris et entraves de ses supérieurs, enquêtant sur une histoire de disparition et d'héritage au coeur d'un grand ranch familial, il devient la cible d'un règlement de compte. Le plaisir vous donne rendez-vous dans cet angoissant suspense planté dans le décor du Wyoming, refuge naturel, où l'homme conserve sa part de sauvagerie et de rudesse. Assurément, C.J. Box se surpasse, nous rendant encore plus attachant son personnage de Pickett, fonctionnaire intègre, John Wayne désorienté dans un univers ou les valeurs s'étiolent.
par CHRISTIAN VACHON

C.J. Box, Ciels de foudre, Seuil.

mercredi 2 septembre 2009

Commentaire: Heureux au jeu (Lawrence Block).

Il y a une ambiance série noire: des messieurs peu recommandables tournant autour de femmes fatales, de l’alcool, de la triche — le destin malade dans tous les coins. Il y a aussi une époque série noire : quand un verre de bière coûtait 75 cents et qu’on devait se lever pour tourner la galette sur le tourne-disque, avant de retourner se perdre dans les bras d’une femme (celle d’un autre). Bien que publié dans la collection «Seuil Policiers», Heureux au jeu a tout d’une bonne vieille série noire. Peut-être parce qu’il a été écrit dans les années 1960, avant les séries mieux connues de Block (celles mettant en vedette Scudder et Rhodenbarr, notamment), un peu après sa courte carrière d’auteur porno. Le livre répond avec humour (noir) à une question classique : un solitaire, un tricheur peut-il se ranger, se bâtir un gentil nid dans une petite ville tranquille? Pas si sûr…
par STÉPHANE PICHER

Lawrence Block, Heureux au jeu, Seuil, 2009.


NOTE: Le Magazine littéraire en parle brièvement dans son «kit pour un été meurtrier», une partie de son numéro spécial Polar, paru cet été (2009).