vendredi 30 juillet 2010

Deon Meyer en vidéo

Le lien m'a été envoyé par Les Éditions du Seuil. Très intéressant: Mr Meyer nous parle de ses motivations. « I just want to be a storyteller. »


Rencontre avec Deon Meyer
envoyé par LeCerclePoints. - Films courts et animations.

mardi 15 juin 2010

L'Évangile du billet vert (commentaire de Stéphane)

Carl a besoin de Dieu. Pas de n’importe quel dieu, mais de celui des Évangélistes, sa communauté; sans Lui, sans eux, il serait cet homme corrompu, alcoolique, instable, qu’il était autrefois. Il y a peu de place pour le doute dans sa vie, la foi l’occupe entièrement. Jusqu’à ce que son ami et employeur (privé, il enquête pour un avocat de la défense) l’embauche pour l’assister dans la défense d’Ahmad Nazami, un jeune homme d’origine iranienne qui a avoué le meurtre. « Écoutez, je suis un chrétien qui bosse pour un avocat juif qui œuvre pour un gosse musulman, dans le but de découvrir qui a tué l’athée. L’Amérique, non? » Dans sa communauté, dans sa maison même, personne ne voit d’un bon œil que Carl se mette à enquêter, à douter — de la culpabilité trop commode du jeune Musulman, de la solidité de son couple, ou de sa foi.
Avec une telle prémisse, on ne va pas s’ennuyer! Grâce à une prose efficace au ton plein d’ironie, Larry Beinhart vient nous chercher là où on est, dans notre zone de confort de lecteur qui ne veut pas trop être dérangé. On accepte de le suivre parce qu’il nous fait passer un bon moment, ne gaspillant pas ses effets. Puis on se rend compte qu’il nous tient sérieusement. Malgré ce ton un rien comique (Carl est un narrateur plutôt bon enfant), on est peu à peu happé non seulement par l’histoire, mais par les questions morales et religieuses qui assaillent Carl. Parce que sans Dieu Carl, comme beaucoup de ses collègues trop humains, risque fort de se trouver sans guide pour lui dire ce qui est bien, ce qui est mal. La déchéance le guette-t-elle, ou bien est-il en train de redevenir libre de penser? Fascinant.



par Stéphane Picher


Larry Beinhart, L'Évangile du billet vert, Gallimard, « Série noire »

Le Cantique des innocents (commentaire de Christian)

« Pourquoi ai-je attendu tant d'années avant de découvrir l'univers séduisant des personnages de Donna Leon? Le petit côté convenu et décoratif de Venise me rebutait? Le décor est trompeur. L'inspecteur Brunetti étonne et enjôle et Le cantique des innocents est une subtile et pénétrante enquête sur le besoin d'élever des enfants dans nos sociétés occidentales et pose la question: jusqu'où les gens sont capables d'aller pour en avoir?

Brunetti nous charme par son humanité, par son côté philosophe, par son côté contemplatif: qui ne le serait pas en vivant dans une ville comme Venise. À l'opposé des policiers, dépressifs ou alcooliques, des polars à succès des dernières années, sa vie familiale est sereine, il a une épouse et des enfants aimants et compréhensifs. Les scènes de repas familiaux, décrites dans le menu détail, tiennent une place aussi importante que l'enquête. On traite de choses sérieuses autour de cette table, mais pas au détriment des plaisirs de la bouche et de l'esprit. J'en sors conquis, comme des millions d'autres lecteurs dans le monde. »

Christian Vachon, librairie Pantoute


Donna Leon, Le Cantique des innocents, Calmann-Lévy

lundi 14 juin 2010

La Guerre fantôme (commentaire de Christian)


« Quand l'univers de Robert Ludlum croise celui d'Ian Fleming. Un époustouflant et judicieux clin d'oeil à l'actualité internationale au moment où la Chine joue les gros bras face au géant américain. Qui a dit que James Bond est mort à la fin de la guerre froide? Du pur roman d'espionnage accompagné d'une dose d'adrénaline et de testostérone à la Jack Bauer. Le plat terminé on en redemande encore. Une de mes trouvailles les plus heureuses des derniers mois. »

par Christian Vachon


Alex Berenson, La Guerre fantôme, Seuil.

Les meilleurs polars jamais adaptés au cinéma.

Stéphane Picher, libraire, édimestre sur librairiepantoute.com


Attention : dans ce texte, je veux parler, littéralement, de polars jamais adaptés au cinéma. Il y en a beaucoup, bien sûr, alors j’ai choisi « les meilleurs d’entre eux ». Meilleurs comment? Meilleurs en tant que potentiellement adaptables sur la grande toile blanche qu’on regarde dans le noir.
Vous arrive-t-il parfois de vous demander pourquoi telle ou telle œuvre n’a jamais été adaptée, alors qu’elle semble avoir toutes les qualités potentielles d’un bon film? Il est vrai qu’il y a là un piège d’appréciation; plusieurs livres à l’adaptation difficile ou réputée impossible ont donné de bons films. Même des grands films (Fight Club, disons). Plusieurs livres à succès ont raté un peu, beaucoup, complètement, leur passage au septième art (la liste est longue, de Créance de sang à Da Vinci Code et Le Dahlia Noir, pour s’en tenir au polar récent).
Les tiroirs d’Hollywood sont pleins de rêves jamais réalisés, de projets en attente de financement, d’intentions mal assumées et de scénarios mille fois bricolés, mais pas encore tournés. Beaucoup de droits d’adaptation sont achetés et renouvelés chaque année, mais relativement peu de films adaptés de livres voient le jour.
Parmi les meilleurs polars jamais adaptés au cinéma, il y en a même qu’on n’a, en fait, jamais vraiment envisagé de produire. Par exemple, aucune trace d’un projet d’adaptation du Poète, de Michael Connelly, pourtant réputé le meilleur de son auteur (c’est en tout cas mon avis). Les histoires de tueurs en série n’ont plus la cote? Il y eut autrefois trace d’un projet d’adaptation de Nécropolis, d’Herbert Lieberman, mais cette idée semble morte depuis longtemps, si j’ose dire. Normal : Nécropolis est un livre culte dans la francophonie, mais aux États-Unis, le livre n’est plus disponible, oublié de presque tous. C’est pourtant le premier classique du roman « de médecine légale » et une étude de caractères bouleversante. C’est aussi une vision hallucinante du New York des années 1970. Il y a une épitaphe toute trouvée pour la future tombe de Herbert Lieberman : Nul n’est prophète en son pays.
Il est surprenant que La Griffe du chien, de Don Winslow, ne soit pas en adaptation. Ce « grand roman du trafic de drogue en Amérique », fresque hallucinante, épique, serait du bonbon pour un Oliver Stone... qui a décidé d’adapter un livre à paraître de Winslow, Savages, qui traite d’un sujet semblable. Un autre Winslow doit en principe être adapté au cinéma : les droits de L’Hiver de Frankie Machine appartiennent à Robert De Niro, qui devait en faire son film de retrouvailles avec Martin Scorsese. Aux dernières nouvelles, il semble que Michael Mann sera plutôt aux commandes (les retrouvailles Scorsese / De Niro se feront probablement pour le biopic de Sinatra). Mais Frankie Machine ne cesse d’essuyer des reports. Croisons les doigts : De Niro serait parfait dans ce rôle de tueur à gages à la retraite; peut-être même un peu trop, à bien y penser.
White Jazz, la conclusion du brillant « Quatuor de Los Angeles » de James Ellroy, est un film qui sera tourné « bientôt » depuis plus d’une décennie. Nick Nolte (producteur et acteur) et George Clooney (réalisateur, producteur et peut-être acteur) ont un moment été « attachés » aux différentes versions du projet. Ça semble au point mort pour l’instant. Il est vrai qu’Ellroy n’est pas très facile à adapter. Le Dahlia noir a grandement déçu (un « director’s cut » sur DVD pourrait modifier notre opinion, mais pas trace pour l’instant), mais L.A. Confidential est un film superbe, bien que sans doute pas aussi essentiel que le roman. Quant à la trilogie Underworld USA (American Tabloid, American Death Trip et Underworld USA), le projet de télésérie d’HBO est aussi lettre morte. Le « demon dog » n’est sans doute pas assez glamour pour le grand public.
Quant à l’étonnant Club des policiers yiddish, de Michael Chabon, qui sortira en poche d’une semaine à l’autre, il est prévu pour être l’un des prochains films des frères Coen. Leur producteur, Scott Rudin, a acheté les droits du roman et déclaré plusieurs fois en entrevue qu’il leur réservait. Fred Melamed (Sy Ableman dans A Serious Man) aurait un rôle dedans (je le verrais bien en Landsman). Parlant des « frères Coen brothers », plusieurs scénarios d’eux croupissent dans les tiroirs de la machine hollywoodienne; ce qui est dommage, étant donné leur immense talent. L’un d’entre eux est Cuba Libre, d’après le roman du même nom d’Elmore Leonard.
Maître Leonard est l’un des auteurs les mieux adaptés au grand écran. Pensons à Hombre, 3 Heures 10 pour Yuma, Out of Sight ou Jackie Brown. Plusieurs de ses livres sont dans le collimateur hollywoodien. Freaky Deaky (en français Les Fantômes de Détroit) est en préproduction; il devrait sortir en 2011. La Joyeuse kidnappée (The Switch), une sorte de « préquel » à Jackie Brown, puisqu’on y retrouve les personnages Ordell Robbie (Samuel L. Jackson) et Louis Gara (Robert De Niro), est prévu quant à lui pour 2012. Pas d’autre détail pour l’instant mais, bien sûr, Jackson et De Niro sont trop vieux pour reprendre leur rôle. Le numéro un sur ma liste de souhaits est Road Dogs (à paraître en français cet automne), suite à Loin des yeux (Out of Sight). Jack Foley (George Clooney) sort de prison après trois ans (au lieu des trente prévues), saura-t-il rester loin des tentations et des mauvaises influences? Pour le moment, le « roman est dans les mains de Clooney », disait en entrevue Elmore Leonard il y a quelques mois. Et Steven Soderbergh? Il ne peut être partout à la fois.

Le Gang de la clé à molette, roman environnementaliste culte d’Edward Abbey, est un autre exemple de projet reporté pendant des décennies. Robert Redford pensait le faire autrefois. Aux dernières nouvelles (pas très fraîches), Catherine Hardwicke devait en réaliser une adaptation. Pour ce qui est d’Un pays à l’aube, de Dennis Lehane, on sait que les droits de ce roman historique ont été achetés par la boîte de production de Sam Raimi (Spider-Man); mais il semble que rien n’ait bougé depuis. Dommage! Quand on voit la quantité de scénarios tiédasses qui sont produits chaque année, chaque semaine même, pourquoi ne pas faire confiance à un bon livre?

vendredi 28 mai 2010

James Ellroy chez Pantoute!

COMMUNIQUÉ
Québec, le 26 mai 2010
La librairie Pantoute de Québec vous convie à une rencontre avec James Ellroy, mercredi le 2 juin à midi, à la succursale Vieux-Québec. Maître du roman noir américain, Ellroy est l’auteur du Dahlia noir et de L.A. Confidential. Underworld USA, le troisième tome de sa trilogie éponyme, est paru début 2010. Profitez-en pour venir faire signer votre exemplaire!
Né le 4 mars 1948 à Los Angeles, Ellroy perd sa mère à 10 ans, assassinée par un tueur en série qui ne sera jamais retrouvé. Ce destin violent faillit le perdre; il passa une jeunesse de délinquant. Mais il est peu à peu rattrapé par l’écriture. Il publie en 1981 son premier roman, Brown’s Requiem. Suivent plusieurs romans réunis en « suites » dont la trilogie Lloyd Hopkins et le « Quatuor de Los Angeles », qui commence avec Le Dahlia noir, sa vision personnelle du meurtre non élucidé le plus célèbre de la ville des anges. En 1995 paraîtra American Tabloid, version hallucinée des années Kennedy, et premier tome de la trilogie Underworld USA. Le roman noir moderne ne s’en est pas encore remis!

Séance de signatures avec James Ellroy, le 2 juin de 12 h à 13 h 30 à la librairie Pantoute, 1100 rue Saint-Jean, Québec. Informations au : (418) 694-9748




mercredi 12 mai 2010

La Nuit de Tomahawk (commentaire de Denis)

Fils d’un tueur à gages, héros du Viet Nam, Frank Temple, troisième du nom a été élevé comme une machine à tuer. Il ne veut pas de cet héritage, mais ne peut s’empêcher de réagir quand son passé le rattrape. De retour au Willow, un lac isolé, près de la ville de Tomahawk où se trouve le chalet familial où son père s’est suicidé, il a peine à retenir sa pulsion de vengeance. C’est que Matteson, un truand de grande envergure, compagnon d’armes de son père est aussi celui qui l’a dénoncé… à la police. Précédé de deux tueurs, Matteson s’annonce au Willow où il possède lui aussi un chalet. Des gens innocents sont alors entraînés dans un maelström de violence. Entre Nora, la garagiste intègre et innocente, et ses pulsions, Frank devra choisir!
Ce livre nous fait vivre un choc violent entre l'innocence et la violence. Une intrigue à couper au couteau et des personnages que Koryta sait rendre attachants. C'est dur et prenant. J'ai lu les quatre livres de ce jeune auteur de 27 ans. Tous excellents! Un mélange de Bruen, Lehane et Burke! Ce n’est pas peu dire! 

par Denis LeBrun

Michael Koryta, La Nuit de Tomahawk

La Trilogie berlinoise (commentaire de Christian)


Quel bonheur que cette réédition révisée de la classique Trilogie berlinoise de Philip Kerr. Ersatz de Sam Spade ou du Gittes du Chinatown de Polanski égaré dans le régime nazi, le privé Bernie Gunther, témoin de la corruption, des luttes intestines du parti nazi, ou des sinistres lendemains de l'après-guerre, n'en finit pas de glisser du cynisme au désabusement. Les plus noirs des romans historiques, les plus historiques des romans noirs, les trois récits de Philip Kerr nous baignent dans le quotidien méconnu, parce que non caricaturé, de l'Allemand ordinaire et désorienté au coeur de l'ambiance oppressante du IIIe Reich. Pas de coup d'éclats à la Ken Follett dans l'oeuvre de Kerr, mais que de brio dans l'élaboration de son intrigue. Pas de manichéisme trop évident dans sa galerie de personnages, ses nazis ne sont pas grotesques, ni balourds, mais n'en sont que plus terrifiants dans leurs desseins. Je me compromets pour une rare fois et j'ose dire que La trilogie berlinoise est un incontournable pour l'amateur de polars.

Christian VACHON

Philip Kerr, La Trilogie berlinoise

13 heures, de Deon Meyer (commentaire de Christian)

Un grand suspence. Le cru le plus délectable du printemps 2010. Cardiaques soyez avertis: la tension grimpe à chaque page. Meyer nous séduit non seulement par sa maîtrise du récit, mais par sa description impitoyable, accablante, perturbante des travers de la nouvelle Afrique du sud. Entre blancs et noirs, entre xhosas et zoulous, entre tout ce beau monde et les métis, le mépris, la méfiance dominent. Benny Griessel, le vétéran inspecteur de la police sud-africaine, tant de survivre à tout cela, à son problème d'alcool, à la discrimination, «et a toute cette politique merdique». Il est pompier, tout ce qu'il fait, c'est d'éteindre les incendies. Au-delà du racisme, de la haine, du poids du passé, Meyer célèbre avec ses personnages la victoire des gens qui cherchent tout simplement à bien faire leur travail. Roman après roman, Meyer effectue un parcours sans faute. Peu d'auteurs de polars peuvent prétendre à une fiche aussi immaculée.
Christian VACHON

Deon Meyer, 13 heures

mercredi 21 avril 2010

13 heures, de Deon Meyer (coup de coeur de Denis)

«Une jeune Américaine est poursuivie dans les rues du Cap par des jeunes noirs… et blancs. Son amie a été tuée parce qu’elles ont vu quelque chose qu’elles ne devaient pas voir. Traquée et terrifiée, elle sait qu’elle ne peut se fier à personne. Elle courra pendant 13 heures… L’inspecteur Griessel, présent dans le premier livre de Meyer, Jusqu’au dernier, est chargé de l’enquête. C’est une course à obstacles contre la montre qui commence et une nuit blanche pour le lecteur accroché à son livre, tétanisé même, dans les 75 dernières pages.

Deon Meyer est non seulement un grand maître du suspense, mais ses intrigues n’en sont pas moins complexes et pleine de finesses. Ses personnages secondaires ne sont pas des faire-valoir. Vous n’oublierez pas de sitôt l’inspecteur discret Vusi Ndabeni de l’ethnie Xhosa; l’inspectrice boulimique et fonceuse Zouloue Mbali Kaleni; la médecin légiste métisse Tiffany October; l’inspecteur également métis à l’ambition dévorante Fransman Dekker… Meyer nous fait vivre à travers eux la fragile coexistence entre les ethnies, dans une Afrique du Sud en mutation. Quel souffle et quel sens de la narration. Un grand!»

par Denis LeBrun, librairie Pantoute

Deon Meyer, 13 heures

mardi 20 avril 2010

Viens plus près (commentaire de Denis)


« Toc toc toc ouvre-moi, pense le démon… à l’intérieur de la voûte crânienne d’Amanda. Il n’a pas besoin d’une grande ouverture, une infime hésitation d’Amanda puis il s’immisce par petites touches dans son esprit. Viens plus près est une histoire d’envoûtement tranquille, au quotidien. Le processus est discret au début, puis la transformation de la personnalité s’opère: insensibilité, pulsions violentes, complicité avec Naama (oui, un vrai démon!), puis possession. Amanda analyse ce qui se passe, tente désespérément de réagir, mais le processus est impitoyable.
Sara Gran joue avec une narration sage, une machine bien huilée, puis elle emprisonne son lecteur qui n’a de cesse de lire la dernière page. 180 pages seulement (en gros caractères) qui se lisent d’une traite. Ce petit livre publié chez Sonatine (décidément un éditeur qui monte) amorce dans votre esprit une petite bombe qui ne vous lâche pas facilement. Toc, toc, toc et vous vous réveillez dans un sursaut avec des sueurs froides, le cœur battant! Étonnant! »

par Denis Lebrun

Sara Gran, Viens plus près

lundi 19 avril 2010

Docteur à tuer (commentaire de Stéphane)

«Il y a parfois un problème avec les polars humoristiques. Trop souvent, ce genre de livres se perd dans les digressions comiques, fort amusantes, mais qui diluent l’intrigue presque toujours trop mince de toute façon. Sans suspense, sans une intrigue prenante, point de polar ou presque. Josh Bazell, à l’image d’un Donald Westlake, est non seulement capable des deux, il est un jeune maître en la matière. Difficile à lâcher, plein d’actions et de rebondissements, son livre est aussi désespérément drôle : cynique, ironique et incorrect, tendance «humaniste». Ce mélange action humour a donné plusieurs bijoux du septième art ces quinze dernières années (FargoSnatchGet Shorty) et quelques livres aussi. Dans le genre, voici la découverte de l’heure.


Il faut sans doute remercier Asclépios et Apollon que Josh Bazell soit un homme studieux. Sans son doc en médecine, il n’aurait pu mettre de savoureux détails médicaux dans son livre. Sans son doc en littérature, il n’aurait peut-être pas écrit un livre si efficace, si prenant, et si drôle (délicieuses notes de bas de page). Ce gars-là était presque inconnu il n’y a pas longtemps : un premier livre (un second en route), même pas de site officiel. Mais Leonardo DiCaprio et sa boîte de production ne se sont pas trompés en achetant les droits pour l’adaptation. Courez le chercher avant que «tout le monde en parle», vous vous vanterez ensuite de l’avoir découvert avant tout le monde!»

par Stéphane Picher

Josh Bazell, Docteur à tuer

jeudi 15 avril 2010

Hypothermie (commentaire de Christian).

Christian a apprécié le dernier Indridason, Hypothermie, mais pas autant que d'autres bouquins du même monsieur:

«Un polar atypique pour le moins. Rustique. Intimiste. Une ambiance à la Simenon, l'impression d'entendre le vent siffler sur la lande islandaise. L'inspecteur Erlendur «solitaire et apathique», mais surtout entêté, poursuit des fantômes, ceux qui sont la cause du présumé suicide d'une femme, ceux d'un vieil homme survivant depuis trente ans à la disparition d'un fils, ceux d'Erlendur lui-même, le spectre d'un frère disparu lors d'une tempête de neige, le spectre de l'échec de son mariage et d'une famille irréconciliable. Une histoire sans grandiloquence, sans grand rebondissement, tout en finesse et en humanité, même si l'enquête nous remue moins que La femme en vert ou L'homme du lac, du même auteur. Un grand suspense: non. Un récit doux-amer: oui.»

par Christian Vachon.

Arnaldur Indridason, Hypothermie

mercredi 14 avril 2010

Autosuggestions de lectures.

Je ne connais pas Charles Willeford. J'ai déjà lu son nom quelque part, peut-être dans mon Guide Totem. Sûrement en fait.
Mais un simple survol d'un article de Sylvestre Rossi m'a tellement donné l'eau à la bouche que si j'avais eu du rouge à lèvres (noir), il aurait tout coulé sur mon beau clavier blanc.
D'abord, ses livres sont noirs comme dans un four. Ensuite, Elmore Leonard, mon maître, a dit «Personne n'écrit de meilleurs romans noirs que Charles Willeford».
Et puis, tout Charles Willeford est publié chez Rivages.
Qu'est-ce qu'on attend?



P.S. Je suis un monsieur, et ne porte jamais de rouge à lèvres.

jeudi 8 avril 2010

Le Sens de l'arnaque (commentaire de Stéphane)





Si l’on s’amusait à comparer les auteurs de romans policiers à des voitures, James Swain ne serait peut-être pas une Rolls Royce, ni une Ferrari. Non, rien pour en mettre plein la vue à des millions de lecteurs hypothétiques, mais plutôt une bonne voiture de série: confortable sans être luxueuse, sécuritaire mais d’un prix abordable, en plus d’être performante et d’une fiabilité à toute épreuve. Ses histoires mettant en vedette le détective à la retraite Tony Valentine, spécialiste de l’arnaque dans les casinos, sont absolument irrésistibles; leur héros, enquêteur honnête et homme tout à la fois loyal, têtu, conservateur et redoutablement intelligent, est inoubliable. L’essayer, c’est l’adopter (c’est ce que dirait la pub, si James Swain était une voiture). 
par Stéphane Picher


James Swain, Le Sens de l'arnaque

mardi 6 avril 2010

À bout de course! (commentaire de Stéphane)

«Ouvrir un Richard Stark, cousin virtuel (pseudonyme) de Donald Westlake, c’est comme ouvrir un paquet de «Ferrero Rocher» ou un paquet de (ici mettre votre friandise préférée) : vous savez que vous n’arrêterez pas avant d’avoir fini. D’accord, il y a peu de protéines (un peu dans les noix quand même) : pas de portrait en profondeur psychologique, pas de dénonciation d’une classe politique ou économique, pas de catharsis à saveur sociale. Mais vous commencer par croquer du bout des dents (vous avez bon goût, n’est-ce pas), puis vous vous mettez à dévorer, et vous finissez par vous léchez les doigts pour ne rien manquer. Cette histoire, elle vous dit quelque chose : un braquage par des pros qui prévoient tout sauf ce qu’ils ne prévoient pas (sinon il n’y aurait pas d’histoire), ces personnages qui font rire même (et surtout) s’ils font peur. Mais elle est si bien menée, avec ces situations si finement observées, ce rythme si bien ciselé, que vous n’y résistez pas une seconde. En cinq mots Westlake (Stark) nous le prouve à chaque livre, à chaque page : l’efficacité est un art! »
par Stéphane Picher


Richard Stark, À bout de course!, Rivages

mercredi 31 mars 2010

Le Bonhomme de neige (commentaire de Christian)

«Depuis plus d'une décennie, les auteurs à succès du monde du polar ne sont pas seulement des habiles techniciens du suspense, mais de méticuleux disséqueurs des travers de nos sociétés, des écrivains avec un propos, le genre de talent qui disqualifie de participer à un Loft Story: le Suédois Mankell, l'Islandais Indridason, l'Écossais Rankin, le Sud-africain Meyer... la liste s'allonge chaque année et le Norvégien Nesbo appartient à ce groupe. Avec Le bonhomme de neige, il réussit non seulement à rafraîchir la formule archi-usée du tueur en série — son histoire peut avantageusement se comparer au Poète de Michael Connelly, le modèle du genre —, mais à y introduire une réflexion sur l'engagement et la paternité. Son récit envoûte, comme tous les grands polars, il nous fait sortir de notre zone de confort, à l'égal presque d'un Ellroy ou d'un Lehane. Le Rouge-gorge de Jo Nesbo était un des dix thrillers les plus chamboulants des dernières années, Le bonhomme de neige se classe pas très loin derrière.»
Christian Vachon

Jo Nesbo, Le Bonhomme de neige

mardi 9 mars 2010

Les Lieux sombres (commentaire de Denis)

«Superbe roman! Entre le roman social, psychologique, noir et policier… Gillian Flynn ouvre une voie nouvelle dans l’univers des romans à suspense. Elle hypnotise son lecteur non seulement par l’action mais surtout par l’émotion. Et ceci dans un style impeccable. On ne peut rester insensible à ses personnages charnières: Libby, Ben et Patty Day. Libby , petite fille renfermée, témoin principale à l’âge de 7 ans dans le procès pour meurtre de son frère Ben. Ce dernier, 15 ans, mal dans sa peau et solitaire, accusé en l’espace de deux jours de pédophilie, satanisme et des meurtres sanglants de sa mère et de ses deux autres sœurs; enfin Patty Day, la mère, constamment inquiète et dépassée, phagocytée par un ex-mari salaud et veule, incapable de nourrir ses quatre enfants. Sans compter la Libby de maintenant, 32 ans, qui en veut encore à l’humanité, mais qui cherche un sens à sa vie en essayant de faire la lumière sur son passé. Le ballet constant entre cette Libby d’aujourd’hui et la réalité vécue en 1985 des autres acteurs de ce drame sanglant durant les deux jours précédents les meurtres, donne du rythme et du souffle à la narration et ajoute de la profondeur aux personnages. Et quelle finale! Un roman déstabilisant et envoûtant qui s’attaque aux préjugés inconscients du lecteur! Un livre culte! Je cours chercher son premier roman Sur ma peau et j’attends avec impatience le prochain.»
par Denis LeBrun

Gillian Flynn, Les Lieux sombres

lundi 1 mars 2010

Romans, de Dashiell Hammett (commentaire de Stéphane)

Voici mon coup de coeur pour le «Quarto» de Dashiell Hammet, Romans.


«Un des blondinets s’assit au volant. La vitesse ne lui faisait pas peur.»

Tenir le «Quarto» de Dashiell Hammett vous donne l’impression d’avoir entre les mains les «manuscrits de la mer morte» du roman noir. C’est de cette «littérature de papier journal» qu’est venu le grand roman noir, celui des Ellroy, Westlake et autres Dennis Lehane. On est loin des histoires de riches bourgeoises ayant trucidé leur époux juste un peu avant le thé pour toucher leur héritage un peu trop vite; ici le roman noir pose son regard acerbe sur les travers de la société, qui se trouvent dans toutes ses classes.

Il était donc plus que temps que Gallimard refasse ses devoirs en retraduisant ces œuvres fondatrices de la modernité polar. Plus d’argot vaguement parisien en ces pages, plus de manuscrits formatés pour entrer dans un «carré noir». Reste une littérature populaire dans toute sa splendeur (descriptions à traits rapides, efficaces, action menée à un rythme presque futuriste) devenue soudainement la sœur de la «grande» littérature, celle des Hemingway et compagnie. Cette dernière ne s’en est pas encore remise.

jeudi 25 février 2010

UNDERWORLD USA (commentaire de Christian)

Voici le commentaire de Christian pour Underworld USA d'Ellroy. C'est un coup de coeur sans équivoque. Maintenant c'est mon tour: Christian, tu n'oublies pas de me rendre ma copie?



Un monument, un livre dense, épuisant, une oeuvre qui dévaste. Tout comme à la fin de la lecture des Bienveillantes de Jonathan Littell, cet autre chef-d'oeuvre, j'ai eu besoin d'un solide lavage de l'esprit pour survivre à cette vision ignominieuse de l'âme humaine. Ellroy reconstruit de façon délirante l'histoire récente américaine, une histoire politique dominée par la paranoïa: «La paranoïa définit la droite (...), et elle définit la gauche également. Tout le monde connaît tout le monde et soupçonne tout le monde et a besoin de tout le monde aussi. Les ambitions politiques et les ambitions personnelles se modifient en fonction de ces réalités» (p. 177). «Personne ne meurt» répète souvent Dwight Holly, un des personnages, mais on meure beaucoup dans ce récit hallucinant, et les survivants sont en piteux état, ravagés par leur culpabilité, le poids de leurs méfaits.

Jamais l'écriture d'Ellroy n'a été aussi incisive, éclatante, séditieuse. Elle sublime les faits, les personnages, y compris ce Cruthfield, le «trouduc», ce jeune détective érotomane, alter ego du Ellroy adolescent des années 60, qui s'introduit dans les résidences pour voler des petites culottes de filles.

Un récit perturbant certes, un grand roman
incontestablement. Il se publie une dizaine de classiques durant une décennie et Underworld USA fera certainement partie de ma liste.

mardi 19 janvier 2010

Un nouveau Winslow !



Je faisais il y a un dizaine de jours une petite liste des polars intéressant à paraître cet hiver. Il doit y avoir eu une crotte dans ma recherche impromptue, parce que La patrouille de l'aube n'est pas apparu dans les résultats.

Un nouveau Winslow est toujours comme un cadeau. Ce ne sera pas une lecture ardue, juste un bon moment de lecture. Si tout va bien, encore un livre qu'on n'a sutout pas envie de lâcher. D'après Jean-Marc Laherrère, l'intrigue «ne laisse aucun temps mort».

Bref, j'ai hâte.