mercredi 21 avril 2010

13 heures, de Deon Meyer (coup de coeur de Denis)

«Une jeune Américaine est poursuivie dans les rues du Cap par des jeunes noirs… et blancs. Son amie a été tuée parce qu’elles ont vu quelque chose qu’elles ne devaient pas voir. Traquée et terrifiée, elle sait qu’elle ne peut se fier à personne. Elle courra pendant 13 heures… L’inspecteur Griessel, présent dans le premier livre de Meyer, Jusqu’au dernier, est chargé de l’enquête. C’est une course à obstacles contre la montre qui commence et une nuit blanche pour le lecteur accroché à son livre, tétanisé même, dans les 75 dernières pages.

Deon Meyer est non seulement un grand maître du suspense, mais ses intrigues n’en sont pas moins complexes et pleine de finesses. Ses personnages secondaires ne sont pas des faire-valoir. Vous n’oublierez pas de sitôt l’inspecteur discret Vusi Ndabeni de l’ethnie Xhosa; l’inspectrice boulimique et fonceuse Zouloue Mbali Kaleni; la médecin légiste métisse Tiffany October; l’inspecteur également métis à l’ambition dévorante Fransman Dekker… Meyer nous fait vivre à travers eux la fragile coexistence entre les ethnies, dans une Afrique du Sud en mutation. Quel souffle et quel sens de la narration. Un grand!»

par Denis LeBrun, librairie Pantoute

Deon Meyer, 13 heures

mardi 20 avril 2010

Viens plus près (commentaire de Denis)


« Toc toc toc ouvre-moi, pense le démon… à l’intérieur de la voûte crânienne d’Amanda. Il n’a pas besoin d’une grande ouverture, une infime hésitation d’Amanda puis il s’immisce par petites touches dans son esprit. Viens plus près est une histoire d’envoûtement tranquille, au quotidien. Le processus est discret au début, puis la transformation de la personnalité s’opère: insensibilité, pulsions violentes, complicité avec Naama (oui, un vrai démon!), puis possession. Amanda analyse ce qui se passe, tente désespérément de réagir, mais le processus est impitoyable.
Sara Gran joue avec une narration sage, une machine bien huilée, puis elle emprisonne son lecteur qui n’a de cesse de lire la dernière page. 180 pages seulement (en gros caractères) qui se lisent d’une traite. Ce petit livre publié chez Sonatine (décidément un éditeur qui monte) amorce dans votre esprit une petite bombe qui ne vous lâche pas facilement. Toc, toc, toc et vous vous réveillez dans un sursaut avec des sueurs froides, le cœur battant! Étonnant! »

par Denis Lebrun

Sara Gran, Viens plus près

lundi 19 avril 2010

Docteur à tuer (commentaire de Stéphane)

«Il y a parfois un problème avec les polars humoristiques. Trop souvent, ce genre de livres se perd dans les digressions comiques, fort amusantes, mais qui diluent l’intrigue presque toujours trop mince de toute façon. Sans suspense, sans une intrigue prenante, point de polar ou presque. Josh Bazell, à l’image d’un Donald Westlake, est non seulement capable des deux, il est un jeune maître en la matière. Difficile à lâcher, plein d’actions et de rebondissements, son livre est aussi désespérément drôle : cynique, ironique et incorrect, tendance «humaniste». Ce mélange action humour a donné plusieurs bijoux du septième art ces quinze dernières années (FargoSnatchGet Shorty) et quelques livres aussi. Dans le genre, voici la découverte de l’heure.


Il faut sans doute remercier Asclépios et Apollon que Josh Bazell soit un homme studieux. Sans son doc en médecine, il n’aurait pu mettre de savoureux détails médicaux dans son livre. Sans son doc en littérature, il n’aurait peut-être pas écrit un livre si efficace, si prenant, et si drôle (délicieuses notes de bas de page). Ce gars-là était presque inconnu il n’y a pas longtemps : un premier livre (un second en route), même pas de site officiel. Mais Leonardo DiCaprio et sa boîte de production ne se sont pas trompés en achetant les droits pour l’adaptation. Courez le chercher avant que «tout le monde en parle», vous vous vanterez ensuite de l’avoir découvert avant tout le monde!»

par Stéphane Picher

Josh Bazell, Docteur à tuer

jeudi 15 avril 2010

Hypothermie (commentaire de Christian).

Christian a apprécié le dernier Indridason, Hypothermie, mais pas autant que d'autres bouquins du même monsieur:

«Un polar atypique pour le moins. Rustique. Intimiste. Une ambiance à la Simenon, l'impression d'entendre le vent siffler sur la lande islandaise. L'inspecteur Erlendur «solitaire et apathique», mais surtout entêté, poursuit des fantômes, ceux qui sont la cause du présumé suicide d'une femme, ceux d'un vieil homme survivant depuis trente ans à la disparition d'un fils, ceux d'Erlendur lui-même, le spectre d'un frère disparu lors d'une tempête de neige, le spectre de l'échec de son mariage et d'une famille irréconciliable. Une histoire sans grandiloquence, sans grand rebondissement, tout en finesse et en humanité, même si l'enquête nous remue moins que La femme en vert ou L'homme du lac, du même auteur. Un grand suspense: non. Un récit doux-amer: oui.»

par Christian Vachon.

Arnaldur Indridason, Hypothermie

mercredi 14 avril 2010

Autosuggestions de lectures.

Je ne connais pas Charles Willeford. J'ai déjà lu son nom quelque part, peut-être dans mon Guide Totem. Sûrement en fait.
Mais un simple survol d'un article de Sylvestre Rossi m'a tellement donné l'eau à la bouche que si j'avais eu du rouge à lèvres (noir), il aurait tout coulé sur mon beau clavier blanc.
D'abord, ses livres sont noirs comme dans un four. Ensuite, Elmore Leonard, mon maître, a dit «Personne n'écrit de meilleurs romans noirs que Charles Willeford».
Et puis, tout Charles Willeford est publié chez Rivages.
Qu'est-ce qu'on attend?



P.S. Je suis un monsieur, et ne porte jamais de rouge à lèvres.

jeudi 8 avril 2010

Le Sens de l'arnaque (commentaire de Stéphane)





Si l’on s’amusait à comparer les auteurs de romans policiers à des voitures, James Swain ne serait peut-être pas une Rolls Royce, ni une Ferrari. Non, rien pour en mettre plein la vue à des millions de lecteurs hypothétiques, mais plutôt une bonne voiture de série: confortable sans être luxueuse, sécuritaire mais d’un prix abordable, en plus d’être performante et d’une fiabilité à toute épreuve. Ses histoires mettant en vedette le détective à la retraite Tony Valentine, spécialiste de l’arnaque dans les casinos, sont absolument irrésistibles; leur héros, enquêteur honnête et homme tout à la fois loyal, têtu, conservateur et redoutablement intelligent, est inoubliable. L’essayer, c’est l’adopter (c’est ce que dirait la pub, si James Swain était une voiture). 
par Stéphane Picher


James Swain, Le Sens de l'arnaque

mardi 6 avril 2010

À bout de course! (commentaire de Stéphane)

«Ouvrir un Richard Stark, cousin virtuel (pseudonyme) de Donald Westlake, c’est comme ouvrir un paquet de «Ferrero Rocher» ou un paquet de (ici mettre votre friandise préférée) : vous savez que vous n’arrêterez pas avant d’avoir fini. D’accord, il y a peu de protéines (un peu dans les noix quand même) : pas de portrait en profondeur psychologique, pas de dénonciation d’une classe politique ou économique, pas de catharsis à saveur sociale. Mais vous commencer par croquer du bout des dents (vous avez bon goût, n’est-ce pas), puis vous vous mettez à dévorer, et vous finissez par vous léchez les doigts pour ne rien manquer. Cette histoire, elle vous dit quelque chose : un braquage par des pros qui prévoient tout sauf ce qu’ils ne prévoient pas (sinon il n’y aurait pas d’histoire), ces personnages qui font rire même (et surtout) s’ils font peur. Mais elle est si bien menée, avec ces situations si finement observées, ce rythme si bien ciselé, que vous n’y résistez pas une seconde. En cinq mots Westlake (Stark) nous le prouve à chaque livre, à chaque page : l’efficacité est un art! »
par Stéphane Picher


Richard Stark, À bout de course!, Rivages