mardi 22 décembre 2009

Noir palmarès 2009.


Amis polarophiles, voici mon palmarès de lectures policières pour 2009, un palmarès à la fois «nouveautés et découvertes» où se côtoient le roman historique «polarisant», le polar uchronique et des valeurs sûres du noir et du thriller.

En fait, il s'agit de mon palmarès de lectures tout court pour 2009, où l'on voit que mes intérêts ont tendance à être de plus en plus pointus...


  1. Dennis Lehane, Un pays à l’aube

  2. James Ellroy, American Tabloid

  3. Michael Chabon, Le club des policiers Yiddish

  4. R.J. Ellory, Seul le silence

  5. James M. Cain, Le facteur sonne toujours deux fois

  6. Dennis Lehane, Shutter Island

  7. Donald E. Westlake, Motus et bouche cousue

  8. Jess Walter, Citizen Vince

  9. Michael Connelly, Le verdict du plomb

  10. Elmore Leonard, Hitler’s Day

J'avais à peine commencé American Death Trip, le deuxième volet de la trilogie, que je recevais déjà mon exemplaire du troisième (volet), Underworld USA. Plus le dernier Richard Stark (a.k.a. Donald E. Westlake): 2010 n'est pas encore commencé que j'ai déjà trois bons candidats pour mon palmarès...


En terminant, on trouve les choix 2009 de Yann Le Tumelin, de l'excellent blog Moisson Noire, ici.

mardi 15 décembre 2009

Des listes, mais pas pour Noël.


Je n'ai pas renoncé à préparer une liste des 100 meilleurs auteurs de polars (à partir de la liste de 50 du Magazine littéraire, si vous vous souvenez). J'ai reçu de Denis (mon patron) de quoi faire 10 listes, une vraie liste de listes! Affaire à suivre.

Pour ce qui est de mon article sur les meilleurs polars adaptés au cinéma, voici quelques mises à jour. Je suis en train de lire Le facteur sonne toujours deux fois. Comme je ne l'avais pas lu il n'y a pas si longtemps (en fait il me reste quelques pages), je ne pouvais pas l'ajouter à ma liste. Maintenant si c'était à refaire, je le mettrais peut-être en position neuf ou dix. J'adorais déjà le film (celui de 1946, je ne me souviens pas très bien du remake), et le livre est en train de me convaincre. Il arrivera peut-être la même chose avec Assurance sur la mort (Double Indemnity), si le livre est aussi bon (le film est encore meilleur, un des chefs-d'oeuvre du film noir).

Christian Vachon m'a suggéré Le coup de torchon. J'ai d'ailleurs vu le film dernièrement. Mais je n'ai pas lu 1275 âmes, le roman dont Tavernier a tiré le film. Du moins pas encore.

vendredi 11 décembre 2009

NYT Polar.


Le NYT (New York Times) a publié plusieurs listes de suggestions pour Noël, dont une des "notable crime books of 2009". Il n'y a pas grand chose qui soit à ce jour déjà publié dans la langue de Molière.
Parmi ce qui attise ma curiosité on trouve entre autres le dernier Connelly (The Scarecrow, pas encore d'annonce pour une traduction), un Walter Mosely avec un nouveau personnage (ex-boxeur en plus) et un roman d'un certain Charlie Huston, (presque) inconnu au bataillon, avec un titre délicieux, dont on espère qu'il ne sera pas masacré dans la langue d'Amélie Poulain: The Mystic Arts of Erasing All Signs of Death.

mardi 1 décembre 2009

Sous les mains sanglantes (commentaire de Denis LeBrun).


Denis aime beaucoup Val McDermid. Il m'a souvent dit que les fins de ses romans laissaient à désirer, mais ce n'est pas le cas ici:

«Enfin le retour de l’intuitif Tony Hill, psychiatre et «profileur» et de l’impulsive inspectrice Carol Jordan, un duo improbable qui fonctionne comme un vieux couple (petites chicanes et réconciliations) sans en avoir franchi le pas. Tandis que Tony plane à la morphine dans son lit d’hôpital après avoir été attaqué (à la hache) par un patient dément, Carol est cette fois confrontée à une série de meurtres dont le seul lien est une liste de plantes vénéneuses. Carol ne doute pas une minute que ce sont les médicaments qui sont la cause des déductions fiévreuses et alambiquées de son ami sur l’origine des meurtres. D’autant plus que Tony, cloué sur son lit, doit repousser les attaques incessantes d’une mère manipulatrice et rapace. Les hypothèses farfelues de Tony ne font pas d’ailleurs pas le poids quand une explosion au stade entraîne l’enquête (et Carol) vers un banal complot terroriste et qu’elle en a plein les bras avec une panoplie d’intervenants musclés. Mais Tony, insulté qu’on l’infantilise, continue à suivre les fils de son imagination……

Comme beaucoup d’auteurs britanniques Val Mc Dermid développe des personnages attachants, ambivalents (ne le sommes nous pas tous!) et bien ancré(e)s dans la réalité sociale et quotidienne qui les entoure. Le rythme est excellent, l’intrigue est originale et complexe, et si j’ai parfois émis des doutes sur les finales de ses romans, je dois avouer que celle-ci est particulièrement réussie.
»
par DENIS LEBRUN

Val McDermid, Sous les mains sanglantes, éditions du Masque

vendredi 27 novembre 2009

Ce qu'on croit savoir peut servir de guide pour mieux connaître

Ci-joint un commentaire sur Le polar, un livre de la collection "Idées reçues". Très intéressant:

«Les bons polars sont américains.» Tout le monde sait ça. «Le polar donne de mauvaises idées au citoyen.» «Les polars sont pour les détraqués.» Ainsi vont les clichés, qu’on répète même quand on n’est pas d’accord, même quand on n’y connaît goutte. Ainsi vont les «idées reçues», que l’éditeur Le Cavalier bleu étudie dans sa collection du même nom. Presque deux centaines de ces «Que Sais-je à l’envers» sont parus, dont L’obésité, La schizophrénie et Les surréalistes. Les titres des chapitres sont autant d’idées reçues que l’auteur analyse, les réfutant souvent, les confirmant parfois, les précisant toujours. Le polar, le numéro 187 de la collection, est une autre réussite du genre, un tour d’horizon qui a l’originalité de se servir de ce que l’on sait déjà, ou croit savoir, comme d’un guide pour aller plus loin. «Tout a déjà été fait en matière de polar.» N’est-ce pas?


par STÉPHANE PICHER

jeudi 26 novembre 2009

En attendant le film





Je n'avais pas encore lu Shutter Island, mais j'ai eu par mon représentant préféré (désolé...) une copie de la nouvelle édition avec couverture du film (à venir). Je l'ai donc lu, et je n'ai pas regretté:



«Ne vous en faites pas : Dennis Lehane, auteur de romans noirs qui monte, qui monte encore bien qu’il soit très proche du sommet, ne s’est pas converti au roman d’horreur. Mais si vous avez vu la bande-annonce du film que Scorsese en a fait (pas encore sorti au moment où j’écris ceci), vous serez peut-être tenté de le croire. Roman noir gothique, ça vous va? En tout cas, roman à l’atmosphère inquiétante, terrifiante par moments. Comme toujours Lehane écrit au plus proche de ses personnages fascinants, entretenant le mystère et le suspense. La femme de Teddy, morte il y a plusieurs années dans un incendie, serait-elle en fait encore vivante, enfermée dans cette prison hôpital dont personne ne s’échappera jamais? Impossible, non? Quelle enquête Teddy poursuit-il réellement? Et quelles sont ces expériences qu’on pratique dans l’ancien phare, et qui semblent inspirées de méthodes «scientifiques» nazies? Ce n’est qu’à la toute fin que vous le saurez.»
Stéphane Picher

mardi 24 novembre 2009

Design et coup de coeur.

Merci à tous ceux qui ont aimé le design du blog, qui est dû au talentueux Mathieu Plasse.

* * *

Christian Vachon a craqué pour le dernier Pelecanos, Un jour en mai :
« D'un roman à l'autre George Pelecanos m'émerveille par la qualité de sa production, par la beauté de ses personnages, par les enjeux moraux abordés dans ses récits, des récits qui s'assimilent plus à une chronique des quartiers noirs de Washington qu'à des grands suspenses, des récits qui mettent en vedette des dealers un peu minables, un peu maladroits plutôt que des tueurs en série démoniaques et rusés, tout cela raconté dans un singulier mélange de violence, d'humour et de tendresse. Dans son dernier ouvrage, Un jour en mai, il confronte le destin de trois individus, Billy Cachoris, Raymond Monroe et Charles Baker, empêtrés dans une bêtise de jeunesse qui remonte à la surface trente-cinq ans plus tard avec, en arrière-plan, le fardeau des guerres en Irak et en Afghanistan qui pèse sur les vies familiales. Pelecanos étant Pelecanos, et c'est pour cela que nous le vénérons, l'histoire comportera son lot de fines notations sur les restaurants grecs, la musique rock, les vêtements, les sports. Tant pis si ses polars n'obtiennent pas les succès d'un Connelly ou d'un Mankell, mon plaisir en devient plus égoïste. »
par CHRISTIAN VACHON


George Pelecanos, Un jour en mai, Seuil.

mardi 17 novembre 2009

Dix plus trois polars qui se sont plutôt bien adaptés.


Quels sont les meilleurs polars adaptés au cinéma? Attendez, que je précise ma question : y a-t-il des bons polars qui, adaptés, ont fait des bons films? Et si on élève la barre un peu? De très bons, de grands livres, qui ont donné naissance à des films aussi bien, est-ce possible? Bien sûr, comme on dit, «le livre est toujours meilleur que le film», non? Toutefois, quelques adaptations ont donné lieu a des œuvres de qualité qui ont maintenant leur vie propre.

Comme je suis un amateur de polar en livre comme sur grand écran, j’ai concocté une listes des meilleures adaptations. Les règles sont simples : j’ai lu le livre et vu le film, et je considère les deux comme des œuvres excellentes, ou mieux.. Ce qui enlève de la liste Le Parrain (un très grand film, mais je n’ai pas lu le livre), par exemple, ou encore Shutter Island, que je viens juste de lire, mais dont la sortie sur toile a été encore retardée. (Je n’ai pas lu Gone, baby gone, ni vu le film; j’ai adoré le No country for old man des frères Coen, mais je n’ai pas encore lu le bouquin;. Le Dahlia noir est un roman extraordinaire, mais le film était une sorte de potage sans sel, malgré quelques qualités; etc.)

Voici donc une liste de dix, plus trois en bonus pour ceux qui vous jusqu’au bout sans tricher. En commençant par la fin, pour faire comme s’il y avait du suspense.

DIX
En dixième, sans doute mon choix le plus contestable, La Dame du lac. Le roman de Raymond Chandler est un classique du genre. En voulant rendre l’esprit de sa narration à la première personne, l’acteur et réalisateur Robert Montgomery a choisi de tourner un des rares exemples de film à la caméra subjective. On ne voit donc le personnage principal que deux ou trois fois (dans un miroir par exemple). La pub de l’époque annonçait : «Vous et Robert Montgomery résolvez un crime ensemble.» Malgré le «truc» de la caméra subjective qui a pu agacer quelques uns, le film réussit bien à rendre l’atmosphère «dure à cuire» du roman noir.

NEUF
En neuvième, on saute un peu plus de quatre décennies pour se rendre jusqu’à 1990, année de sortie de Les Arnaqueurs, d’après Jim Thompson, l’un des plus noirs explorateurs de l’âme humaine. Un trio glauque formé d’un petit arnaqueur, de sa maîtresse plus ambitieuse et de sa mère qui veut plus que sa part, chargé d’une atmosphère aux relents incestueux, dans une mise en scène précise de Stephen Frears. Jim Thompson ne pouvait pas être adapté correctement à son époque. Trop scandaleux. D’ailleurs The Killer inside me (Le Démon dans ma peau) vient d’être adapté et sortira en 2010. (Il y a une bande-annonce de The Killer… qui circule sur le net, mais attention : elle dure plus de cinq minutes et en dévoile peut-être trop.)

HUIT
Le numéro huit est un livre plus récent et plus connu. Mystic River était à sa sortie le meilleur roman de Dennis Lehane. D’après moi, Un pays à l’aube l’a surpassé, mais c’est une autre histoire. Un véritable roman noir, une plongée lucide au cœur de personnages inoubliables. Il fallait Clint Eastwood pour tourner le film, trouver le rythme de cette histoire et laisser les comédiens l’incarner. Des oscars bien mérités pour les rôles masculins!

SEPT
En septième, on trouve un livre, mais deux films. The Hunter, curieusement traduit Comme une fleur en français (en attendant sans doute un meilleur titre quand il passera chez Rivages!), a donné lieu à un film de John Boorman, Point Blank (Le point de non-retour), avec Lee Marvin et Angie Dickinson. Le scénario s’éloigne assez radicalement du roman, mais le film nous marque par son ambiance au froid onirisme, son rythme et sa grande qualité visuelle. L’adaptation de 1999, Payback, avec Mel Gibson, est beaucoup plus fidèle au livre. Le début est presque exactement le même! Parker rentre à New York à pied et sans le sou (il n’a même plus de cigarettes), mais après un chapitre il a un portefeuille plein, de nouveaux habits, et une arme chargée. Prêt à se venger de ses complices, qu’il aurait dû mieux choisir. On avait reproché à Point Blank sa violence, mais que dire de Payback? C’est qu’on est plus tolérant aujourd’hui, dans l’après Tarantino. Un très bon film, même pour quelqu’un qui comme moi n’apprécie pas particulièrement Gibson.

SIX
D’accord, avec le numéro six, je trahis mon goût pour les classiques de la littérature et du film noir (mais attendez de voir le numéro un!). Une «auteure maitresse», en partie adaptée par un maître du roman noir (Raymond Chandler), pour un film réalisé par le maître du suspense. Trop de chefs gâtent la sauce, dit-on. Elle a bien failli ne pas prendre, en effet, quand Chandler et Hitchcock travaillaient ensemble; mais un second auteur est venu terminer le travail… L'inconnu du Nord-Express : cette histoire est devenue classique, même pour ceux qui n’ont pas vu le film. Dans le train où ils font connaissance, Bruno, un fils à maman pervers et malfaisant, fait à l’architecte Guy Haines (il est joueur de tennis dans le film) une étrange proposition : échanger leur meurtres! Ainsi Guy sera débarrassé de son épouse, qui refuse de divorcer, et Bruno de son père, sans que personne ne fasse le lien entre eux. Guy refuse, bien entendu. Mais Bruno ne prendra pas ce «non» pour réponse… À signaler, une parodie tournée en 1987 par Danny DeVito, avec Billy Crystal, joliment intitulée Balance maman hors du train.

CINQ
Autre bond dans le temps. Il est curieux que les producteurs de L.A. Confidential (1997, oscar du meilleur scénario adapté, du roman du même nom de James Ellroy, publié en 1990) aient choisi d’adapter en premier le troisième tome d’une série. Mais il est vrai que les livres ne sont pas complètement des suites, puisque peu de personnages reviennent d’un roman à l’autre. Sauf que. Sauf que, la fin contestable (surtout par rapport au sort de Dudley Smith, l’un des plus beaux méchants de la littérature policière) semble compromettre la possibilité de tourner White Jazz, le quatrième opus du «quatuor de Los Angeles». Je ne dis pas pourquoi, pour ne pas gâcher l’intrigue.
Mais le rythme du film son montage serré, sa beauté visuelle, ses acteurs extraordinaires rachètent tout. Ce n’est pas mon cas, mes les gens qui sont déçus sont en général ceux qui ont lu le livre…

QUATRE
Nous voici rendu au numéro quatre, et voici encore un livre de Raymond Chandler. Malgré une intrigue tarabiscotée, déjà présente dans le livre mais accentuée par un scénario écrit en plein tournage et jamais tout à fait achevé, Le Grand sommeil est à juste titre autant un livre-culte qu’un film-culte. Si vous savez qui a tué le chauffeur, vous êtes bien le seul, car ni le réalisateur Howard Hawks ni l’auteur du scénario, nul autre que William Faulkner, ne le savaient. Ils ont donc téléphoné à Raymond Chandler… qui n’en avait aucune idée! Peut-être pas le meilleur film noir de l’époque classique, mais l’un des plus mythiques, où le couple Bogart-Bacall crève l’écran, bien que leur relation à l’époque fût plutôt difficile (ils se reprendraient par la suite, quand le divorce de Boggie serait officiel).

TROIS
La troisième place du podium est occupée par un autre classique du roman «dur à cuire», devenu un autre film mythique avec Humphrey Bogart. Le Faucon maltais (le titre du livre est plutôt Le Faucon de Malte) est souvent considéré comme le premier «film noir». Bien que ce statut soit contestable à plus d’un point de vue, le film a contribué à lancer la carrière de Bogart (jusque là confiné à des rôles secondaires qui survivaient rarement jusqu’au générique de fin) et le film de «private dick». C’était pourtant la troisième adaptation du livre. Il faut dire que les deux premières n’avaient rien bouleversé, et qu’elles ont de nos jours un simple statut de «bonus» sur le DVD…

DEUX
La médaille d’argent va à l’un des films policiers les plus connus, celui qui a sans doute le plus contribué à lancer une certaine «mode» des tueurs en série, Le silence des agneaux. Le succès du film, aux guichets et dans l’imaginaire occidental, ne doit pas occulter la qualité du livre. Un page turner certes, mais aussi une étude de personnages très intéressante, une écriture efficace qui va à l’essentiel et laisse le lecteur vivre ses émotions (essentiellement, la peur). Je n’ai pas vu le film depuis longtemps; je voulais un peu oublier l’histoire afin de lire le livre. Notez que le premier roman de cette «série», Dragon rouge (encore meilleur), a donné deux films, le plus réussi, et de loin, étant le moins connu (Manhunter, de Michael Mann).

UN
Le grand gagnant, ma médaille d’or, ne fera peut-être pas l’unanimité. Le livre, un ancien série noire, est passé au «folio policier» en 1999. L’aguicheuse couverture de Quand la ville dort n’a rien à voir avec le contenu du livre, un classique parmi les classiques du roman de gangster, une histoire de cambriolage comme j’en raffole, racontée avec un mélange de distance et de respect pour ses personnages de ratés sur le point de presque réussir. C’est aussi le livre le plus fidèlement adapté que j’aie vu en film! Avec cette histoire, John Huston a créé peut-être l’un des trois ou quatre meilleurs films noirs. Un DVD région 1 est sorti il y a quelques années, mais si vous avez un lecteur qui peut lire les région 2, demandez à votre libraire qu’il vous commande l’édition spéciale folio policier de 2008, qui comprend le DVD! Vous ne le regretterez pas, mais pas seulement parce qu’il y a une certaine M. Monroe dans un de ses premiers rôles.

BONUS!

Maintenant voici, en prime, trois films adaptés des polars d’Elmore Leonard, que je considère comme mon maître en polar. Plusieurs films ont été produits à partir de son œuvre, mais j’ai choisi ces trois-là parce que c’est les meilleurs… mais aussi parce que c’est le choix de Monsieur Leonard lui-même!

Get Shorty (en français Zigzag movie, titre contestable au mieux), a donné le film du même nom qu’on a traduit Stars et truands en France et C’est le petit qu’il nous faut au Québec. Passons sur ces choix de titre, mais Get Shorty est véritablement la quintessence du cool à la Elmore Leonard avec ses dialogues allumés et ses intrigues joyeusement entremêlées. Le film a donné l’occasion à une brochette de comédiens (dont un superbe Gene Hackman à contre-emploi) de s’amuser, et nous aussi! Leonard dit de ce film qu’il a été le premier à «sonner» comme ses livres.

Ensuite, encore meilleur : Jackie Brown. Le livre s’appelait Rum Punch (Punch Créole en français), mais Tarantino a eu la bonne idée nommer le film comme son héroïne. Il a aussi transposé le film dans un univers musical black, qui n’était pas présent dans le livre (Jackie n’y était pas noire), mais qui accentue la coolitude leonardienne de belle façon. À mon avis le meilleur film de Q.T., son moins affecté. Il a toujours dit qu’Elmore Leonard était l’une de ses influences les plus importantes. (Il possède d’ailleurs toujours les droit d’adaptation d’un de ses westerns, 40 lashes less one , qu’on serait bien curieux de lui voir réaliser un jour.)

Mais la meilleure adaptation d’Elmore est sans contredit le magnifique Out of sight (Loin des yeux)! Tout y est : le cool (qui l’est plus que George Clooney?), les personnages atypiques bien campés (Jennifer Lopez en Karen Sisco, marshall fédéral, Dennis Farina en papa Sisco), le rythme, la musique, les images. L’un des meilleurs films du surdoué Steven Soderbergh et une belle histoire d’amour crédible dans un polar! On ose espérer que la même équipe fera un film avec Road Dogs, la suite parue au printemps 2009, et à paraître en français en 2010, semble-t-il. Note intéressante : Michael Keaton joue dans les deux films le rôle (très secondaire) de Ray Nicolette, un flic fédéral.

Qu'en pensez-vous?

mardi 27 octobre 2009

Bonjour!

Quelques uns d'entre mes lecteurs et amis facebook (mais pas beaucoup encore) ont proposé des noms pour la «liste de Picher» (voir le billet du 23 octobre). J'avais parlé d'auteurs vivants, mais comme j'ai reçu plein de noms d'auteurs qui ne sont «plus vivants», je me dis: pourquoi on leur ferait pas une liste aussi? D'ailleurs mon boss me promet pour bientôt une liste d'auteurs, vivants et morts. Je me promets de le talonner; il en a lu bien plus que moi. Maintenant, combien on en met? Cent (100)? (Non, on peut pas tous les mettre, on n'est pas Claude Mesplède, on fait une liste d'«incontournables».)

Alors voici. Ceux qui ont déjà été vivants:

David GOODIS

Graham GREENE

Jean-Patrick MANCHETTE

Alain ROBBE-GRILLET

Leonardo SCIASCIA

Morris WEST

Voici les miens: Donald WESTLAKE/Richard WESTLAKE (vous saviez que c'était le même, non?), Raymond CHANDLER, Dashiell HAMMETT (j'ai relu cet été Moisson rouge -- très moderne!). D'autres suivront!

C'est curieux comme liste, c'est parce qu'elle commence tout juste.

Ensuite, on ajoute à ceux qui sont vivants:

P.D. JAMES

Percy KEMP

John LE CARRE

Et là: honte à moi! J'avais oublié Herbert LIEBERMAN! Alors je l'ajoute.

Je mettrai la liste à jour bientôt.

* * *

Il y a un texte très intéressant sur le site d'actualitte, à propos du sort des femmes dans les romans policiers où elles sont, souvent, des victimes très commodes pour faire vendre des livres. Même si elle ne remet pas en cause la liberté des auteurs Jessica Man, romancière anglaise, s'inquiète et se choque de la surenchère de cruauté envers les femmes qu'elle observe dans la littérature. On peut difficilement lui donner tort. J'en profite pour recommander à tous ce site de nouvelles sur les livres, actualitte. J'y trouve presque tout, vraiment, je sais pas comment ils font!

* * *

Il y avait 20 ans en septembre que décédait le «monstre» du polar belge, j'ai nommé Simenon. Il a souvent été appelé «l'homme aux 10 000 femmes». Le site evene.fr le nomme même «l'homme aux 100 000 femmes». Je n'aime pas les comparaisons, mais déjà 10 000, c'est beaucoup. Calcul rapide et très approximatif: pour «connaître» 10 000 femmes dans une vie, il faut en «connaître» à peu près quatre par semaine pendant 50 ans. Mais pour atteindre un chiffre dix fois plus gros, il en faudrait trois par jour pendant 90 ans! En ce domaine, les statistiques ont un côté plutôt comique...

* * *
Je prépare un texte sur les meilleurs polars adaptés au cinéma. Je parle de bons livres qui sont devenus des bons films. Avez-vous des idées? Bon, de toute manière j'ai déjà les miennes, d'idées.





«Je me suis coupé en me rasant.»

vendredi 23 octobre 2009

Recherchés : 50 auteurs de polar moins 17.


Le magazine littéraire a fait paraître il y a un mois un très beau numéro hors-série spécial polar. Dedans il y avait une liste de 50 auteurs indispensables, ou incontournables, ou quelque chose «du genre». Les voici, soigneusement traités textuellement par moi:

Boris AKOUNINE, Peter ASPE, Brigitte AUBERT, Guillermo ARRIAGA, Alicia Giménez BARTLETT, Lawrence BLOCK, Ken BRUEN, James Lee BURKE, Andrea CAMILLERI, Massimo CARLOTTO, Antoine CHAINAS, Harlan COBEN, Michael CONNELLY, Robert CRAIS, Sarah DARS, Giancarlo DE CATALDO, Ake EDWARSON, James ELLROY, Caryl FÉREY, Jasper FFORDE, Pascal GARNIER, Robert HARRIS, Thomas HARRIS, Arnaldur INDRIDASON, Thierry JONQUET, Philip KERR, Dean KOONTZ, Francisco Gonzalez LEDESMA, Hervé LE CORRE, Dennis LEHANE, Donna LEON, Elmore LEONARD, Carlo LUCARELLI, Marcus MALTE, Henning MANKELL, Dominique MANOTTI, Eduardo MENDOZA, Deon MEYER, Jo NESBO, Chuck PALAHNIUK, George PELECANOS, Jean-Bernard POUY, Richard PRICE, Hervé PRUDON, Ian RANKIN, Gunnar STAALESEN, Dominique SYLVAIN, Nick TOSCHES, Fred VARGAS, Marc VILLARD et Qiu XIAOLONG.

J'en ai compté 51, quelqu'un peut-il contre-vérifier? Mais comme nous avons perdu en route le regretté Thierry JONQUET, il en reste encore une demi-centaine. Maintenant, mon idée est la suivante: ensemble, lecteurs de polars, on pourrait trouver les 50 suivants, histoire de faire la liste des 100 auteurs de polar les plus importants. Une seule règle: il nous faut des auteurs vivants; sinon, on n'en sortira pas.
Qui me suit? Vous n'avez qu'à donner vos propositions en commentaire. Même si quelqu'un a déjà proposé un nom, vous pouvez le redonner, ça aidera à départager les auteurs, des fois que ce truc aurait une popularité monstre.
Voici les miennes, de propositions (il y a des noms évidents, des obscurs, des lus* et des pas lus):

William BAYER

C.J. BOX*

Patricia CORNWELL*

Didier DAENINCKX

Pete DEXTER

Donald HARSTAD*

John HARVEY*

Mo HAYDER

P.D. JAMES

Andrea H. JAPP

Jonathan KELLERMAN

Joe R. LANSDALE*

Walter MOSLEY*

David PEACE

Jean-Hugues OPPEL

James SWAIN*

Don WINSLOW*

vendredi 4 septembre 2009

Commentaire : L'Emblème du croisé (James Lee Burke).

Dave Robicheaux reprend du service dans la police de New Iberia pour enquêter sur la mort d’une prostituée dont s’était entiché son frère durant leur adolescence. Même après tant d’années il y a des gens haut placés que ça dérange. Des gens avec des squelettes dans le placard qui ont une partie de la police dans leur poche. Il est menacé, emprisonné, tabassé, et enfin accusé de pédophilie. Et malgré tout il va à l’église et aux réunions des AA (quand il ne rechute pas!) toutes les semaines et trouve le moyen de marier une nonne catholique!Il faut être prêt à se remettre en question quand on lit un livre de Burke. Pendant 300 pages l’auteur nous entraîne à la suite de son personnage sur une corde raide où toutes nos certitudes morales sont ébranlées. Nous sommes là à la frontière du bien et du mal absolu, entre la générosité et la violence à fleur de peau. Même la Louisiane y devient un personnage trouble, superbe et dangereux. L’écriture aux pointes de fantastique, souvent sublime, participe à la à la lente déstabilisation du lecteur. Du grand roman noir et une expérience unique de lecture.
par DENIS LEBRUN

James Lee Burke, L'Emblème du croisé, Rivages.

jeudi 3 septembre 2009

Commentaire: Ciels de foudre (C.J. Box).

Le garde-chasse Joe Pickett retrouve son patelin de Saddlestring au plus grand bonheur des lecteurs. Entêté comme jamais, subissant mépris et entraves de ses supérieurs, enquêtant sur une histoire de disparition et d'héritage au coeur d'un grand ranch familial, il devient la cible d'un règlement de compte. Le plaisir vous donne rendez-vous dans cet angoissant suspense planté dans le décor du Wyoming, refuge naturel, où l'homme conserve sa part de sauvagerie et de rudesse. Assurément, C.J. Box se surpasse, nous rendant encore plus attachant son personnage de Pickett, fonctionnaire intègre, John Wayne désorienté dans un univers ou les valeurs s'étiolent.
par CHRISTIAN VACHON

C.J. Box, Ciels de foudre, Seuil.

mercredi 2 septembre 2009

Commentaire: Heureux au jeu (Lawrence Block).

Il y a une ambiance série noire: des messieurs peu recommandables tournant autour de femmes fatales, de l’alcool, de la triche — le destin malade dans tous les coins. Il y a aussi une époque série noire : quand un verre de bière coûtait 75 cents et qu’on devait se lever pour tourner la galette sur le tourne-disque, avant de retourner se perdre dans les bras d’une femme (celle d’un autre). Bien que publié dans la collection «Seuil Policiers», Heureux au jeu a tout d’une bonne vieille série noire. Peut-être parce qu’il a été écrit dans les années 1960, avant les séries mieux connues de Block (celles mettant en vedette Scudder et Rhodenbarr, notamment), un peu après sa courte carrière d’auteur porno. Le livre répond avec humour (noir) à une question classique : un solitaire, un tricheur peut-il se ranger, se bâtir un gentil nid dans une petite ville tranquille? Pas si sûr…
par STÉPHANE PICHER

Lawrence Block, Heureux au jeu, Seuil, 2009.


NOTE: Le Magazine littéraire en parle brièvement dans son «kit pour un été meurtrier», une partie de son numéro spécial Polar, paru cet été (2009).